Père  RUPAK LOKHANDE, PIME

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La Parole Vivante : Leçons d'Ouassadougou

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À l'aube de cette nouvelle année académique dans notre séminaire, je me remémore mes expériences en tant que missionnaire à Ouassadougou, un petit village de Côte d'Ivoire, où j'ai servi pendant cinq années transformatrices. C'est là, au cœur de la riche culture orale de l'Afrique de l'Ouest, que j'ai acquis une compréhension nouvelle et profonde des paroles de l'apôtre Paul :

"Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment ; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse…" (Colossiens 3:16)

À mon arrivée à Ouassadougou, je me sentais frustré par ce qui me semblait être d'interminables réunions villageoises. Les mêmes points étaient répétés maintes fois, et j'y voyais initialement une perte de temps précieux. Cependant, un collègue expérimenté m'a ouvert les yeux sur la profonde sagesse de cette pratique.

À Ouassadougou, comme dans de nombreuses cultures orales, une parole comprise et acceptée par tous est considérée comme vérité. Un document écrit a souvent moins de valeur qu'une parole prononcée, répétée, comprise et approuvée par beaucoup. J'ai réalisé que le leadership dans le village ne consistait pas à faire obéir les gens, mais à proposer des idées, à faciliter la répétition et à créer un consensus.

Cette approche de la parole parlée a profondément influencé la résolution des conflits. Qu'il s'agisse de litiges fonciers ou de malentendus conjugaux, la communauté se tournait vers les anciens – ceux qui avaient approuvé et mémorisé les paroles de sagesse communautaires. Leurs témoignages devenaient la vérité que tous écoutaient, suivaient et respectaient.

En observant cela, j'ai appris à apprécier la dignité de la Parole d'une nouvelle manière. À Ouassadougou, la parole créait la communauté, résolvait les difficultés, donnait une direction et devenait un patrimoine commun à protéger. Les anciens étaient des dépositaires vivants de vérités convenues, reliant la sagesse du passé à l'orientation du futur.

Cette expérience a profondément influencé mon approche de l'éducation théologique et ma compréhension de la mission de notre séminaire. Alors que nous nous plongeons dans nos études cette année, je vous invite tous à aborder la Parole de Dieu avec la même révérence et le même esprit communautaire que j'ai observés à Ouassadougou.

Ne nous contentons pas d'analyser les textes de manière académique, mais laissons la parole du Christ habiter en nous abondamment, devenant une force vivante qui transforme notre communauté. Comme les anciens d'Ouassadougou, puissions-nous devenir des incarnations vivantes de la vérité de Dieu, la portant non seulement dans nos esprits, mais aussi dans nos cœurs et nos actions.

Notre séminaire est plus qu'une institution d'apprentissage ; c'est une communauté de croyants appelés à s'instruire et à s'exhorter mutuellement avec sagesse. Cette édification mutuelle ne consiste pas à affirmer son autorité, mais à partager humblement des idées, à se remettre en question avec amour et à discerner collectivement la volonté de Dieu.

Au cours de cette année académique, laissons la parole du Christ vraiment habiter parmi nous. Que nos discussions résonnent de la richesse de la vérité de Dieu, répétée et intériorisée comme la sagesse partagée lors des réunions villageoises d'Ouassadougou. Que nos relations soient marquées par l'instruction mutuelle et l'exhortation bienveillante. Et que notre communauté soit reconnue pour sa sagesse collective, profondément enracinée dans la Parole vivante de Dieu.

Embrassons cet appel sacré – être non seulement des étudiants de la Parole, mais ses témoins vivants, portant sa puissance transformatrice dans nos études, nos ministères et notre monde, tout comme les anciens d'Ouassadougou portent la sagesse de leur communauté.

 

p. Rupak Lokhande